26.1.11

ce qui sera.

mon matin est un midi. la rue du Faubourg du Temple engorgée de voitures et le boucher qui fume sur le trottoir. matin pâteux des lendemains d'ivresse, la tête encore lourde devant le percolateur.

il y a une certaine tristesse, une rage et la distance qui de nuit en nuit brûle la peau.

et, c'est vrai, il y a aussi la joie de revoir les amis d'ici.
depuis mon retour, un thé avec J., un peu entre deux portes. Le tour du quartier avec N. et tout mon alphabet jusqu'à hier au soir avec T., parfait toujours. ses gestes comme le tango argentin, alcool grandiose et phrases acérées.
nos caches dans la ville énorme, comme les bouges des ports accostés ensemble. ce qui de tous nos voyages, de toutes nos lectures, vient gonfler la conversation au point, à un certain moment inévitable, du fou rire.
les mains qui tremblent et le regard vague, mais au delà de tout cela, force et furie de se refaire après les chutes et les désespérances. L'appétit des fauves, un peu cruel, à déchiqueter l'existence, rouge avec les dents. et que ça saigne pourvu que l'on ne soit jamais repu.

ce qui manque et bien sûr, ce qui est.
et quoi qu'on en dise, ce désespoir colérique donne l'énergie du mieux. la vie à bras le corps.
non dans l'amère contemplation des échecs, mais avec assez d'ironie pour jouer encore et encore, miser, même s'il faut tout reperdre.

tout ce qui est, cependant, à l'heure du chien loup ou à 3 heures du matin, ce que les réverbères allument dans les regards. les rues torves qui s'accrochent à la butte ou les larges boulevards qui creusent l'horizon lorsque rendus à la contemplation.
rien que cela

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