d'abord, hier, l'abattement.
très rude, d'autant plus que j'ai clairement réduit la consommation d'alcool, de drogues.
plus rien pour soutenir, respirer.
mais je me surveillais "Courage ma fille, relèves-toi, s'abandonner, geindre, ça ne sert à rien."
et je me raisonnais : "C'est dur, mais c'est aussi parce que tu n'as plus de béquille chimique. C'est la déprime du manque, ce n'est pas ta déprime."
et le soir, c'est venu, petite phrase obsessionnelle qui poussait, le constat et cette manière de retourner les choses dans tous les sens jusqu'à trouver l'issue. finalement, ça s'est vocalisé, alors que je me démaquillais dans la salle de bains, face à la grande glace.
"je déteste la situation actuelle, je sens que je vais faire quelque chose de dingue pour que cela change."
avec la nuit, entre deux pages lues avec une demie attention, l'idée s'est imposée, terrassante de simplicité, bête comme un bonnet d'âne. certes, la prise de risque est maximale, si cela ne fonctionne pas, je me serais encore plus enfoncée, la débâcle sera totale, au point peut-être de tuer l'histoire. peut-être que j'y perdrai toute confiance en lui, toute confiance en l'amour. mais n'importe, j'accepte le jeu.
je fais un pari sur l'avenir, toute la mise sur le rouge, comme toujours.
au début de la soirée, l'excitation qui grandit. assise sur le lit, les genoux entre les bras, le nez en l'air, j'imagine les pires événements, comment cela peut très mal tourner. et comme dans les réussites ou aux échecs, je déplace telle idée, imagine telle solution pour pallier le problème et m'en sortir quoi qu'il arrive.
prise de risque maximale et assurance sur ses arrières.
je l'appelle, il rit.
il me dit que je suis complètement dingue, mais que c'est absolument génial, brillant.
tout semblait perdu à terme vague, mais d'un coup, je nous ai refait un futur proche.
c'est presque de la magie ou de la sorcellerie, parce qu'il y a là quelque chose qui est en lutte avec ce qu'on appelle, lorsqu'on est raisonnable : les réalités du quotidien.
et combien de fois déjà ai-je fait cela : le sourire en coin, parier sur l'avenir, réunir toutes mes forces et mon entêtement pour que cela fonctionne, même si, autour de moi, on me dit que c'est fou, c'est perdu d'avance, c'est trop risqué.
d'ailleurs, à vrai dire, ça a toujours fonctionné.
comme dit ce stupide proverbe, "La chance sourit aux audacieux."
je vois déjà l'histoire à court terme : en bas des fenêtres, la place Saint Sauveur, c'est prédestiné. toutes les librairies et les bouquinistes, plus loin les bars de la rue Ecuyère. je vois ce qu'est devenu mon rythme de marche là-bas, ce qui retient mon attention, les lieux que j'ai appris à aimer. c'est devenu chez moi, parce qu'il est là-bas et aussi, parce que j'y ai inscrit mes errances, parce que ces rues sont désormais marchées et écrites.
cette manière de faire, c'est bien cela, c'est écrire sa vie pour qu'elle se fasse comme tant désirée.
j'ai trouvé une voie où le langage devient performatif.
je t'envie.
RépondreSupprimerJe crois que tu as raison.
Ce qui va etre super dur, c'est de continuer à prendre soin de l'animal qui porte tes écrits/vies.
En vieillissant, hélas, rien de long ici bas, on perd sa faculté de récupèration. Construire c'est aussi prendre soin de soi, trivialement, comme on scelle une pierre pour faire un mur.
les animaux, elles/ils sont plusieurs. et quand bien même maints changements de vie et de villes, ils durent, se multiplient.
RépondreSupprimerquant à la fatigue le tout est de s'en distraire !
tu as plusieurs corps ? ça explique que la fatigue ne te pèse pas trop.
RépondreSupprimerPeut etre aussi des petites différences individuelles.
Et la capacité à se distraire. surement.