31.1.11

machin-machine.

simultanément, à crever de rire et affligeants, ces vieux machins et ces machines usées avec leur vocabulaire passé, leurs lectures trop classiques, leurs références ressassées.
ça voit le dernier bastion de ce qu'il faut bousculer dans la sexualité parce que ça s'ennuie. alors qu'en vérité, il suffit de sortir de chez soi pour voir s'étaler en couverture des magazines les plus minables cette fameuse liberté de ton et d'action qu'ils demandent.
pour des questions de marketing, la libération sexuelle prescrite est devenue aussi emmerdante que les discours d'une Ginette Matthiot.

oiseaux des mers.

ici délices mitigés,
caracole à mon bras
l'errance vive mais répétée.

au loin la voix du manque
en sueurs froides ou brûlantes.

concomitances ou feuilletages :
je me le rappelle,
Cherbourg sous la neige qui se remet à tomber.
mes talons et tes pas à contre temps.
au présent, celui qui m'accompagne de trop d'échos.
même ma mémoire t'est fidèle au point de ne pas refaire de maintenant changeant.
me repaître de fadeur
et te garder en appétit.


clac, clac, clac
claque les dents dans le vent glacé.
mais sourire aux réverbères.
ça tournoie, tournoie, la neige sur le port laissé là-bas.

tombée du lit.
je sais qu'à cette heure à Caen, les cormorans et les mouettes hurlent aux clochers des églises.

29.1.11

rouge, pair, gagne.

d'abord, hier, l'abattement.
très rude, d'autant plus que j'ai clairement réduit la consommation d'alcool, de drogues.
plus rien pour soutenir, respirer.

mais je me surveillais "Courage ma fille, relèves-toi, s'abandonner, geindre, ça ne sert à rien."
et je me raisonnais : "C'est dur, mais c'est aussi parce que tu n'as plus de béquille chimique. C'est la déprime du manque, ce n'est pas ta déprime."

et le soir, c'est venu, petite phrase obsessionnelle qui poussait, le constat et cette manière de retourner les choses dans tous les sens jusqu'à trouver l'issue. finalement, ça s'est vocalisé, alors que je me démaquillais dans la salle de bains, face à la grande glace.

"je déteste la situation actuelle, je sens que je vais faire quelque chose de dingue pour que cela change."

avec la nuit, entre deux pages lues avec une demie attention, l'idée s'est imposée, terrassante de simplicité, bête comme un bonnet d'âne. certes, la prise de risque est maximale, si cela ne fonctionne pas, je me serais encore plus enfoncée, la débâcle sera totale, au point peut-être de tuer l'histoire. peut-être que j'y perdrai toute confiance en lui, toute confiance en l'amour. mais n'importe, j'accepte le jeu.

je fais un pari sur l'avenir, toute la mise sur le rouge, comme toujours.

au début de la soirée, l'excitation qui grandit. assise sur le lit, les genoux entre les bras, le nez en l'air, j'imagine les pires événements, comment cela peut très mal tourner. et comme dans les réussites ou aux échecs, je déplace telle idée, imagine telle solution pour pallier le problème et m'en sortir quoi qu'il arrive.

prise de risque maximale et assurance sur ses arrières.

je l'appelle, il rit.
il me dit que je suis complètement dingue, mais que c'est absolument génial, brillant.

tout semblait perdu à terme vague, mais d'un coup, je nous ai refait un futur proche.

c'est presque de la magie ou de la sorcellerie, parce qu'il y a là quelque chose qui est en lutte avec ce qu'on appelle, lorsqu'on est raisonnable : les réalités du quotidien.
et combien de fois déjà ai-je fait cela : le sourire en coin, parier sur l'avenir, réunir toutes mes forces et mon entêtement pour que cela fonctionne, même si, autour de moi, on me dit que c'est fou, c'est perdu d'avance, c'est trop risqué.
d'ailleurs, à vrai dire, ça a toujours fonctionné.
comme dit ce stupide proverbe, "La chance sourit aux audacieux."

je vois déjà l'histoire à court terme : en bas des fenêtres, la place Saint Sauveur, c'est prédestiné. toutes les librairies et les bouquinistes, plus loin les bars de la rue Ecuyère. je vois ce qu'est devenu mon rythme de marche là-bas, ce qui retient mon attention, les lieux que j'ai appris à aimer. c'est devenu chez moi, parce qu'il est là-bas et aussi, parce que j'y ai inscrit mes errances, parce que ces rues sont désormais marchées et écrites.

cette manière de faire, c'est bien cela, c'est écrire sa vie pour qu'elle se fasse comme tant désirée.
j'ai trouvé une voie où le langage devient performatif.

28.1.11

aujourd'hui rien.


sensation d'inextricable.

taux de misanthropie 98%

mais promis, je n'en tuerai aucun quand bien même cela me démangerait,
me démange,
me démangera.

je me tiens éloignée des alcools blancs (secs).

en conséquence :
recours inéluctable aux armes chimiques lissantes.

contre moi-même, que l'on se rassure.

la désespérance rend encore plus autocentrés les autocentrés,
braves gens, c'est sans risque.

je remise mes idées de bombe à neutrons,
je sors sans couteau,
je n'utilise pas mon sac à main comme une arme offensive,
quand bien même il contienne de quoi en assommer durablement quelques uns.

j'entre souriante dans le bureau, mon bonjour s'accompagne d'une esquisse de révérence, je pose les documents sur la table, mets la facture en évidence, fais conversation anodine de rigueur sans évoquer le règlement de la facture sus-mentionnée, accepte les livres et les copies d'écran des maquettes. je ressors sans avoir troublé la douce ambiance de la routine du lieu.

dans le métro, vide à l'heure des oisifs, j'ôte tout de même ces putains d'escarpins à la con pour les remplacer par des ballerines. je ne me sens vraiment pas d'humeur à péter 7cm au dessus de la position coutumière de mon cul.

Boulevard de Belleville, la tête qui tourne.
chercher des yeux les repères, les images facilement séduisantes du lieu, retrouver un semblant de tenue.

tenir.
tenir.
savoir se tenir,
même si l'on ne tient plus.

le dos droit, descendre ce qui reste de Boulevard, jusqu'au croisement, jusqu'à la porte de l'immeuble.
monter les 4 étages.
compter les heures jusqu'à sa voix au téléphone.
compter l'argent qui reste pour les jours prochains.

compter sur mon imagination, ma débrouillardise, ma motivation, ma force de caractère et toutes ces conneries pour trouver des solutions quand le reste des comptes est mauvais.


finalement, comme parfois Kafka dans son journal :
"Aujourd'hui, rien."

27.1.11

nous autres je(s).

et lui, il pourrait être un peu plus raisonnable que je le suis pour équilibrer les choses. mais non, le courrier à peine ouvert s'entasse dans la housse de sa guitare. il perd une quantité impressionnante de choses, il en oublie certaines de manière récurrente. il manque ses rendez-vous chez l'ophtalmo, et lorsqu'il note quelque chose, c'est sur un papier qu'il ne saura pas retrouver.
depuis que nous nous connaissons, nous avons dormi à Malakoff, aux Lilas, à Montreuil, dans 3 lits différents à Cherbourg, à St Nicolas, à Caen, dans 5 appartements différents à Paris, à St Carré et à Quimper.
et avant de le connaître, j'ai fait tout le tour de Paris, chez des amants ou des amis. Et ces villes de province avec le travail : Brest, Arras, Bordeaux, Montpellier, Sète, Rennes, Nantes, Lille et tant d'autres. aussi, jusqu'à s'inventer dans une langue étrangère, jusqu'au silence en faisant le tour de l'Europe et plus loin. puis avec le temps, reperdre toutes les langues de mon histoire pour n'en garder qu'une seule, celle que l'on parle là où je suis la seule à être née : le français.

lui n'a pas grandi dans plusieurs langues, il a voyagé moins loin que moi. mais il a été élevé avec la mer, face à la mer. il a adopté l'anglais, aussi l'espagnol. et surtout, il parle et écrit cette langue qui parle à toutes : la musique.

Je et mes autres.

il y a là quelque chose à raconter. cela pourrait s'appeler Histoire d'errance ou Comment j'ai réussi à vivre chez les autres pendant plus de deux ans.
on peut imaginer que j'aurais photographié tous les lits où j'ai dormi, tous les endroits où j'ai travaillé. le jardin à St Nicolas, la cuisine ou la baignoire à Cherbourg, la petite table en mosaïque dans le XVIIIème, le bureau à Belleville ou la chambre rouge à Caen. et autour, en texte, je tenterai de transmettre l'ambiance spécifique à chaque lieu, raconter ce qu'il m'a donné de calme ou d'agitation, d'apaisement et de stimulation.

je quittais un appartement peu cher, mais où j'avais trop de souvenirs pour continuer à y vivre. en restant à Paris, il y avait la question du loyer à payer et de cette lubie à régulièrement m'arrêter de travailler. même si, à vrai dire, même lorsque je travaille, ça ne me coûte jamais trop de temps ou d'énergie pour gagner convenablement ma vie et satisfaire aux besoins basiques et aux extras. puis, à la différence de ce que m'a imposé mon éducation, je n'ai que très peu d'intérêt pour l'argent, l'ambition, la réussite sociale. au grand désespoir de quantité de personnes qui m'entourent, tout cela me passe absolument au-dessus de la tête. je ne sais penser qu'en terme de plaisir que je prends aux choses. si j'ai une ambition, elle est là : me faire plaisir. une certaine paresse, mais pas seulement.
même, à l'inverse des dispositions communes, la possession m'angoisse, comme un enchaînement. si j'avais le permis de conduire, peut-être que finalement, comme Pierre Guyotat ou Violette Leduc, je finirais par ne plus avoir d'appartement du tout et vivre dans ma voiture, sur les routes, chez des amis. je n'ai jamais eu ce fantasme d'acheter une maison, pour à la fin de ma vie, me dire que je me serais ancrée quelque part. pour moi, ce n'est pas rassurant, il s'y attache l'idée d'avoir abdiqué.
mon nom sur la boîte aux lettres, les factures, les courriers qui arrivent à date dite, tout cela me cause toujours une tension, une sensation d'étouffement. comme si tous ces signes de la vie administrative, quand bien même dérisoires, m'oppressaient. c'est arrivé au point où aujourd'hui, je n'ai même plus un compte bancaire à mon nom, même plus de carte d'identité. je voudrais être effacée pour cette partie-là de l'existence.
mais c'est d'abord agi, presque malgré moi, par le hasard des événements. ce n'est pas le fruit d'une théorie élaborée. c'est seulement m'apercevant que peu à peu, j'effaçais mes traces, que j'ai commencé d'interroger cette chose-là, cette manière de ne pas satisfaire à ces obligations qui semblent absolument naturelles à la plupart de mes contemporains. c'est comme ça, je ne vis que dans la suspension, l'anonymat, l'indécision. ce vague, c'est comme vivre quantité de vies possibles à la fois.

bien sûr, il y a des situations où tout cela se retourne contre moi. je ne compte plus les fois où j'ai manqué de finir la nuit au poste de police parce que je n'ai pas de carte d'identité, les moments où je n'ai pas pu m'acquitter d'un paiement ou recevoir un versement parce que je n'ai pas de compte en banque. pourtant avec le temps, je me suis découvert un entêtement à continuer à vivre comme cela.
mais, il y a là dedans quelque chose qui me gène : je n'arrive pas à accepter que ma liberté soit au prix d'un certain parasitage des autres. même si un ami, quelqu'un comme un clochard céleste, m'a mille fois répété qu'il y avait de bons parasites, dont il se sent lui. je n'accepte pas cet aspect des choses.

idéalement, vivre en colocation, mais que mon nom n'apparaisse nulle part ou peut-être seulement mes initiales. ou aller d'hôtel en hôtel, payer en espèces et donner un faux nom, celui d'un personnage de roman, l'anagramme du nom d'un écrivain qui m'est cher ou un nom totalement inventé. je le faisais en déplacement pour le travail, je le fais lorsque je voyage. avec d'autres noms que le mien, que celui imposé par la famille et non, ce serait pourtant plus parlant : une généalogie littéraire, une mythologie personnelle. comme si lorsqu'on m'appelait, mon être débordait toujours du nom qu'on lui a donné.

26.1.11

ce qui sera.

mon matin est un midi. la rue du Faubourg du Temple engorgée de voitures et le boucher qui fume sur le trottoir. matin pâteux des lendemains d'ivresse, la tête encore lourde devant le percolateur.

il y a une certaine tristesse, une rage et la distance qui de nuit en nuit brûle la peau.

et, c'est vrai, il y a aussi la joie de revoir les amis d'ici.
depuis mon retour, un thé avec J., un peu entre deux portes. Le tour du quartier avec N. et tout mon alphabet jusqu'à hier au soir avec T., parfait toujours. ses gestes comme le tango argentin, alcool grandiose et phrases acérées.
nos caches dans la ville énorme, comme les bouges des ports accostés ensemble. ce qui de tous nos voyages, de toutes nos lectures, vient gonfler la conversation au point, à un certain moment inévitable, du fou rire.
les mains qui tremblent et le regard vague, mais au delà de tout cela, force et furie de se refaire après les chutes et les désespérances. L'appétit des fauves, un peu cruel, à déchiqueter l'existence, rouge avec les dents. et que ça saigne pourvu que l'on ne soit jamais repu.

ce qui manque et bien sûr, ce qui est.
et quoi qu'on en dise, ce désespoir colérique donne l'énergie du mieux. la vie à bras le corps.
non dans l'amère contemplation des échecs, mais avec assez d'ironie pour jouer encore et encore, miser, même s'il faut tout reperdre.

tout ce qui est, cependant, à l'heure du chien loup ou à 3 heures du matin, ce que les réverbères allument dans les regards. les rues torves qui s'accrochent à la butte ou les larges boulevards qui creusent l'horizon lorsque rendus à la contemplation.
rien que cela

25.1.11

?

pourquoi la plupart des humains pensent-ils qu'il faut employer un vocabulaire ronflant et vieilli pour avoir l'air de bien écrire ?

il faudrait leur dire que généralement, le résultat est désastreux et artificiel.
le rendu fait plus penser à une mauvaise rédaction de 5ème suite à la leçon sur les registres de langue qu'à un texte littéraire.

Paris chichis.

Refaire la vie d'ici, le dos droit dans le métro.
Appeler les amis, écrire à ceux qui sont loin.
Penser à lui, de manière obsessionnelle et attentive.

Et le travail alimentaire ou pas.
Des trucs de parisienne à la con : réseau, pince-fesses, sourire convenu, on en est s'il faut en être, on a vu s'il faut avoir vu.
Prescriptif dictatorial des happy few de la culture d'élite.

je baille souvent, je mets les pieds sur la table ou le bureau, je joue avec une mèche de cheveux et dis : je m'ennuie, Diable quel ennui !
C'est pour la pose, les spectateurs en prennent acte.

Mon personnage qu'eux connaissent bien : mi-bourgeoise, mi-déglingue.
Renverser la dichotomie Paris province à la Balzac, ça peut distraire dans les dîners, mais à vrai dire, ça m'emmerde absolument.
Et même me saouler ne m'amuse plus.
J'ai la vodka triste comme un dimanche d'hiver.

Avant lui, je vivais très ironiquement entre trois ou quatre amants, plus des extras. En matière d'expérience, je pouvais témoigner d'une connaissance très approfondie des sites de rencontres.
Et pas seulement.
Guérison maladive au long cours après un amour lumineux.
J'habitais en colocation dans le XVIIIème arrondissement, côté popu, de l'espace pour une bouchée de pain.
Mais jamais aucun des types rencontrés n'est venu chez moi.
Territoire secret, préservé.
Bien plus intimes que mon propre corps, les lieux de mon quotidien.

Dépuis, l'immeuble a été revendu à un promoteur.
Sa façade gonflée d'orgueil putasse entre standing et bohème.

Tout semble inepte.
Discours commercial même dans les conversations les plus anodines.
Vente de soi au plus offrant en masquant les défauts de fabrication.

Lui, lui, lui, sa voix au téléphone.
Lui, la rue à l'heure où les fauves vont boire, les braises sous la peau.
Lui, furieusement ivre, le désespoir colérique et son regard d'orage.

Lui et moi, cette chose-là, vivre après les désastres et y croire encore.
L'entêtement.

Ici, la mollesse aigre de ce que l'ambition a d'étriqué me donne quotidiennement la nausée.

24.1.11

Comme chez soi.

gris, gris, gris.
et flottant.

Ce qui manque de là-bas, une ivresse, l'intensité.
Paris devenue trop lente et molle.
Couche-tôt de cadres en bonnets de nuit.

Finalement, s'enfermer.
La chambre accueillante, des heures isolée par la musique furieuse 
ou le silence du sommeil des autres.

Les fêtes qui crachent des rires chargés d'alcool par la fenêtre sur le boulevard, ça ennuie d'avance.
Passer à peine. déposer le manteau dans l'entrée.
En embrasser quelques uns.
Boire un verre ou deux dans la cuisine surpeuplée.
Partir tôt en prétextant la fatigue ou une affreuse migraine. 

Les rues désertes.
l'appareil photo à la main.
La magie est brisée.

Rentrer seule.
Se coucher dans lui.
Son absence plus presente que tous ceux qui s'offrent en désir compensatoire ou exutoire.

Désormais, quelque chose d'ici est mort pour moi. Une attache. Les marques, les repères ne sont plus l'émotion du souvenir ravivé. C'est l'impossible du futur dans un présent contrarié. Il y a les amis, et même en eux je choisis ceux qui me laissent refaire ce que nous faisions ensemble, ce que notre histoire à ancré d'amour autour des berges du canal désormais hérissées de barrières, creusées de tranchées d'où s'écoule une boue jaunasse de terre sableuse.

Ces derniers mois à changer si souvent de ville, son corps contre le mien dans un lit ou un autre, est devenu mon seul territoire. Aujourd'hui, chez moi à Paris sans lui, je suis comme en exil.

Toute ma vie dans quelques sacs et mes habitudes pour prendre possession d'un lieu, quel qu'il soit. Les livres et les carnets à côté du lit. Autour, certaines dispositions de confort et de beauté.
Et lui.


23.1.11

Les histoires tristes.



A des kilomètres de tout, comme sa voix au téléphone.
Je laisse parfois le combiné posé devant mes genoux repliés et moi interloquée d'avoir si peu à dire, de ne rien trouver de caressant, de doux.
Il n'y a que cela : la fatigue, la pesanteur, la tristesse.
Pourtant, avec les autres, faire ce qu'il faut de sourires, de conversation.
Le métro dans le sens de la nuit.

Et l'ivresse qui ne vient pas.
Séductions fades, rondes dans mes quartiers mémoire.
Tout cela manque désormais de sens.

Alizarine

L'alizarine est un colorant rouge d'origine végétale, extrait de la racine de la garance des teinturiers (Rubia tinctorum L.), une plante vivace de la famille des Rubiacées, autrefois largement cultivée pour la teinture qu'elle fournissait.
La laque d'alizarine (PR83) est le pigment laqué fabriqué à partir du colorant d'alizarine. Version synthétique de la laque de garance véritable (NR9), elle est communément appelée laque de garance, alizarine cramoisie ou cramoisie.

Composition.
L'alizarine est un colorant anthraquinonique (1,2-dihydroxyanthraquinone), référencé au Colour Index comme Rouge Mordant 11.

Histoire.
La garance est cultivée depuis l'Antiquité en Asie Centrale et en Égypte en tant que colorant. Elle pousse dans ces régions depuis 1500 avant JC. Des tissus colorés à la racine de garance ont été retrouvés dans la tombe du Pharaon Toutankhamon, dans les ruines de Pompei, ainsi que dans l'ancienne Corinthe. Au Moyen Âge, Charlemagne encourage la culture de la garance, qui pousse très bien dans les sols arénacés de Hollande et devient alors un moteur de l'économie locale.
En 1804, Georges Field met au point une technique pour laquer la garance en la traitant à l'alun, et à l'alcali. Ce procédé transforme l'extrait liquide en un pigment solide, et insoluble. La laque de garance obtenue possède un pouvoir colorant intense et peut être utilisé universellement, en le mélangeant à une peinture par exemple. Au cours des années suivantes, on découvre que d'autres sels métalliques - et notamment les sels de fer, d'étain et de chrome - peuvent être utilisés en remplacement de l'alun pour donner à des pigments à base de garance diverses couleurs. Cette méthode générale pour préparer des laques est connue depuis plusieurs siècles.
Structure chimique de l'alizarine
En 1826, le chimiste français Pierre-Jean Robiquet découvre que la racine de garance renferme en réalité deux colorants : l'alizarine rouge et la purpurine[3], qui s'affadit plus rapidement. L'alizarine devient le premier pigment naturel à être reproduit synthétiquement quand les chimistes allemands Carl Graebe et Carl Liebermann, employés chez BASF, qui trouvèrent un moyen de l'obtenir à partir de l'anthracène. Au même moment, le chimiste anglais William Henry Perkin découvre la même synthèse, indépendamment de l'équipe allemande. Le groupe BASF dépose le brevet une journée avant Perkin.
L'alizarine synthétique peut être produite pour moins de la moitié du coût d'une production naturelle. Au début des années 1890, l'alizarine supplante la garance cultivée dans le Midi de la France, en Alsace et en Hollande, ce qui plonge ces régions dans des difficultés économiques soudaines et marquera le début d'une reconversion nécessaire.
L'alizarine est souvent remplacée aujourd'hui par des rouges plus performants : quinacridone (développée par DuPont en 1958), anthraquinonique, DPP.

Applications.
L'alizarine rouge est utilisée dans les laboratoires d'analyses biochimiques pour déterminer - quantitativement, par colorimétrie - la présence de dépôts calciques par les cellules de la lignée osseuse. Dans la pratique clinique, elle est également utilisée pour maculer le liquide synovial, afin de permettre l'accès aux cristaux de phosphates de calcium. (à vérifier)

Notes et références.
1. ↑ Masse molaire calculée d’après Atomic weights of the elements 2007 [archive] sur www.chem.qmul.ac.uk
2. ↑ « Alizarine [archive] » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
3. ↑ Composé C14 H8 O5, formé par oxydation de l'alizarine et employé pour teindre en rouge écarlate le coton mordancé à l'alumine.
et sur Pourpre

nomade.

et si peu dormir.
fumer trop dès le matin.
tout vague encore de la nuit.

Retrouver Paris comme par paliers.
Recompression progressive.

retrouver cette démarche-là, un certain rythme et entre les corps inconnus, insentis mais perçus, évités.
absence de geste vers.
Lui, je peux revoir le Boulevard Leroy, celui de l'épicerie du dimanche, disais-je.
les errances, les nuits, je peux déduire, recomposer.

Ici, comme une histoire en partie abandonnée et qui par-dessus, continue l'autre.
Et parfois, comme avoir une double vie, comme sa voix au téléphone et le vent dans ses rues, alors qu'ici N marche à mes côtés vers Riquet.

Une certaine époque où j'habitais l'appartement de G. pas si loin du métro.
Son voyage, si loin et moi qui m'ancrais dans une histoire qui me vouerait à une année de voyage perpétuel.
Instable, entre ici et trois villes successives.
d'abord, Paris.
tout commence ici.
Puis Lille, la nuée de voyantes dans la rue de Béthune.
La petite maison de la rue des Postes.
Wazemmes, photogénique.

l'amour, c'est ailleurs.
en France ou les traversées de l'Europe.
ou ce qui me traverse de ceLui là lorsque je raconte les vies d'avant aujourd'hui.

sur la terrasse, un plastique épais où souffle le vent.

00000000000000000000000002 / samedi 22



Mal à l'estomac.
Ludwig LEWISOHN, Le Destin de Mr Crump (Phébus Libretto)
Crimée
J un thé
N tournée du quartier.
lui  : deux appels de 16mn22 et 34mn46 entre 15h et 18h10.
T et H apéritif. rencontre de B et M
Georges DIDI-HUBERMAN, Phasmes, (Minuit)
Georges PEREC, Un homme qui dort, (Folio, Gallimard) et film éponyme
Manet VAN MONTFANS
Olivia ROSENTHAL.
Une soupe Phò, saté boeuf.
Porte de Bagnolet
La flèche d'or
Ventura + La terre tremble !!! + Room 204
Alexandre Dumas
Quelques verres chez S et A.
Retour.

Nc 10, 5 Pt, bières, vin, vodka.

The Lapse, Marylin Monroe, Charles Aznavour, Alain Bashung, Godspeed You Black Emperor.

21.1.11

Vendredi, jour 1.

neuf heures dix-huit du matin : un bruit de verre brisé sur le carrelage. ça me sort du sommeil.
là bas, j'aurais dormi jusqu'à midi, au moins, c'est le rythme.
et son corps contre le mien me retenait au lit.
ici, je me lève, je vais faire un café : rêverie mollasse devant le percolateur, le chat qui tourne autour des chevilles.

difficile de croire en la journée qui commence.
ciel gris.
Belleville déjà très agitée par la fenêtre.
mon front se colle à la vitre glacée.

premier matin sans lui depuis l'été.
je commence un décompte.

Demi-dieu, demi-deuil



quitter encore.
je me rappelle cette citation tant usée "Quand tu aimes, il faut partir". c'est exactement cela : j'aime, je pars, contre et suivant ma volonté, les deux, en demi teinte.
il déteste dire au revoir et je suis une madeleine. nous nous décidons pour un mi-parcours. il m'accompagne jusqu'à Saint Pierre et je pleure à peine.
je prends le tram, direction Grâce de Dieu, ça arrive tout de même à me faire rire. franchement.
puis le train. un énième train en fraude alors que je sais qu'un bon paquet d'amendes attendent régularisation dans le tri lettres, sur mon bureau, à Paris.
ça attendra une autre grâce, présidentielle, celle-la, si cela existe encore.

Caen - Paris, direct.
départ 18h58.
on peut clairement dire que j'ai vraiment quitté Paris en septembre, peut-être même en août.
quitter Paris pour la province, cela fait crever de rire tous mes amis connaissant mes snobismes, mes manières, mes vestes impossibles et mes bottines impeccables.
d'autant plus quand je raconte que lorsqu'il neigeait tant, de Cherbourg à Caen, j'ai porté des Docs, mais vernies, s'il-vous-plaît. Stendhal et Genet dans la poche du manteau me sauvaient de cet écart.
bouées de sauvetage.
autant le dire, là bas, la littérature, tout le monde s'en tape, sauf peut-être pour l'apparat ou au mieux, l'à côté.
à côté de la musique.
à côté des Beaux Arts.
les lettreuses formées à Paris VIII, ça ne court pas les rues ivres de nuit. en revanche, les musiciens, ça se ramasse à la pelle. musiciens et beausardeux, comme mon amoureux. très bon mélange, finalement.

tout de même, Caen, ville aux 100 clochers, ville aux 100 libraires.
des bouquinistes pour la plupart.
je fais mes dévotions.
et vraiment, oui vraiment, c'est décidé, nous installons notre amour qui dure à Caen.

pendant un mois, nous avons habité une tour du XVIII ème siècle. pierre blanche, escalier qui tourne, tourne jusqu'à nos derniers étages. l'amour sous les toits, des poutres de chêne sombre.
dans le salon au canapé rouge, des instruments de musique partout ; un clavier, un violon, sa guitare, d'autres guitares, les amplis, le mélodica et j'en passe. il faut prendre l'escalier de bois pour me trouver, dans la chambre au milieu des livres et des carnets. une cache, le vélux qui ouvre sur le ciel percé de flèches ouvragées.
cet appartement, c'est celui de P. P est l'âme de Caen, ou presque.
depuis lui, de chez lui, nous rencontrons tous ceux qui en valent la peine.
inestimable P.
énergie brute, pure folie.
je me nourris.
tout cela m'a tant donné.
ces derniers mois, en errance.
l'amour, la misère, l'imagination de chaque jour pour continuer.
rendre chaque jour le suivant possible.
tous les possibles.

ici, depuis Paris cadavre, mort lente patrimoniale et très estimable, j'enrage très fermement de louper le concert de La Terre Tremble de vendredi.
mais il fallait revenir. il fallait partir.
l'inéluctable.