4.2.11

c'est tout.

comment on vit?
les distances qui creusent, les douleurs qui carapacent.
les petits matins gris qui pèsent aux paupières.
et la haine, cette haine cannibale qui ronge

tout ce qui abandonné, se perd comme la croyance
alors que là, devant, juste devant la vie attend et frémit encore.
il suffirait de prendre.
prendre à bras le corps.
prendre le risque d'exister pour soi.

le pire ennemi, la peur que l'on a, est l'amour qu'on pourrait avoir de l'autre,
la peur de cette vie qui sera enlevée.

déjeuner à 15 heures avec S, pièce de bœuf saignante et vin rouge.
à table, je m'emporte.
ma misanthropie, et boire pour ne plus les voir ne pas être à la hauteur de ce que je les crois capables de devenir.
vie amputée.
tiède.
de peur de s'y brûler.
l'avoir plus confortable.
canapé d'angle.
écran géant.
miroir
miroir

plus tard un taxi traverse mes rues d'élection
tourne vers les boulevards
grands axes ouverts par les arbres dénudés.

la musique très fort.
et les alcools secs
je me le rappelle
auto, autostrade.
pied au plancher
d'autres villes énormes
l'histoire d'avant
Paris Milan New York ou Varsovie.
avec lui, la vie CAPITALE
jusqu'à sa peine.
à perpétuité.
disparu.

le grand couloir blanc entre le bureau et l'atelier
ses pas comme les chats
en bas, le XVIII ème arrondissement.
professions de la culture et de la communication.
ça nous faisait rire.

au comptoir, ne parler qu'aux pochards
ceux qui connaissent l'histoire du quartier
cabarets ou demi-bouges
les putains qu'on a fait migrer jusqu'aux portes de la ville
mises au ban

"Pour un dix-huitième propre et civilisé."
en grandes lettres blanches sur les panneaux publicitaires commandés par la Mairie.

aujourd'hui tout lissé.
Barbès, jusqu'à Belleville


pourtant.
pourtant.
refaire la vie après les ruines qui se masquent
d'un sourire
parfois un peu glacé

mes musiques colères
mes livres solaires

et le rythme de la marche
déplier encore, les avenues désertes de quatre heures du matin.

au présent, l'autre histoire qui tient.
assise sur le banc du petit parc dont j'ai sauté la barrière
sa voix au téléphone
trop loin.

que fait-on du désir qu'on a l'un de l'autre.
que fait-on de ces conversations interrompues
que fait-on de ces nuits entières qu'on nous dérobe,
de tous ces matins qu'on ne débute pas ensemble.

un très léger clic lorsque ça raccroche.
c'est tout.


2 commentaires:

  1. Ceci est un commentaire , il est possible de désactiver la possibilité pour les lecteurs de laisser des commentaires.
    Celui là vous pouvez le supprimer, je m'en bats.
    Bonne route.

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  2. ha mais non, je le conserve, celui là aussi !

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