17.2.11

...

fin du parcours cathartique avec Alizarine.
mes autres noms m'amusent plus. d'autres projets plus profonds, plus excitants prennent forme ailleurs.
je tire ma révérence.
mais reviendrai peut-être à l'occasion.

si l'on veut, on peut m'écrire là : rouge.alizarine@gmail.com.
je tenterai de trouver le temps de relever les messages et répondre.

4.2.11

c'est tout.

comment on vit?
les distances qui creusent, les douleurs qui carapacent.
les petits matins gris qui pèsent aux paupières.
et la haine, cette haine cannibale qui ronge

tout ce qui abandonné, se perd comme la croyance
alors que là, devant, juste devant la vie attend et frémit encore.
il suffirait de prendre.
prendre à bras le corps.
prendre le risque d'exister pour soi.

le pire ennemi, la peur que l'on a, est l'amour qu'on pourrait avoir de l'autre,
la peur de cette vie qui sera enlevée.

déjeuner à 15 heures avec S, pièce de bœuf saignante et vin rouge.
à table, je m'emporte.
ma misanthropie, et boire pour ne plus les voir ne pas être à la hauteur de ce que je les crois capables de devenir.
vie amputée.
tiède.
de peur de s'y brûler.
l'avoir plus confortable.
canapé d'angle.
écran géant.
miroir
miroir

plus tard un taxi traverse mes rues d'élection
tourne vers les boulevards
grands axes ouverts par les arbres dénudés.

la musique très fort.
et les alcools secs
je me le rappelle
auto, autostrade.
pied au plancher
d'autres villes énormes
l'histoire d'avant
Paris Milan New York ou Varsovie.
avec lui, la vie CAPITALE
jusqu'à sa peine.
à perpétuité.
disparu.

le grand couloir blanc entre le bureau et l'atelier
ses pas comme les chats
en bas, le XVIII ème arrondissement.
professions de la culture et de la communication.
ça nous faisait rire.

au comptoir, ne parler qu'aux pochards
ceux qui connaissent l'histoire du quartier
cabarets ou demi-bouges
les putains qu'on a fait migrer jusqu'aux portes de la ville
mises au ban

"Pour un dix-huitième propre et civilisé."
en grandes lettres blanches sur les panneaux publicitaires commandés par la Mairie.

aujourd'hui tout lissé.
Barbès, jusqu'à Belleville


pourtant.
pourtant.
refaire la vie après les ruines qui se masquent
d'un sourire
parfois un peu glacé

mes musiques colères
mes livres solaires

et le rythme de la marche
déplier encore, les avenues désertes de quatre heures du matin.

au présent, l'autre histoire qui tient.
assise sur le banc du petit parc dont j'ai sauté la barrière
sa voix au téléphone
trop loin.

que fait-on du désir qu'on a l'un de l'autre.
que fait-on de ces conversations interrompues
que fait-on de ces nuits entières qu'on nous dérobe,
de tous ces matins qu'on ne débute pas ensemble.

un très léger clic lorsque ça raccroche.
c'est tout.


2.2.11

le mois le plus court de l'année.

les matins tardifs à se réveiller dans la rue.
le bar-tabac et la boulangerie.
mon rythme lent dans la suractivité de la ville énorme.

le froid pique les joues encore chaudes de sommeil.

fumer la première cigarette dehors.
remonter, aveuglée de soleil blafard, la rue qui bouscule.

un jour comme un autre où tout change,
où tout recommence.

sourire, pour commencer à dire au revoir.
dans un tout petit mois, je serai partie.

le temps compté désormais, redonne du poids et du sens à mes gestes.
ce n'est plus la vacuité sourde de ces derniers jours.
ce n'est plus la ville ennemie qui happe, hante et aimante.
c'est seulement le lieu où je suis née que je quitte encore et encore pour aller me refaire ailleurs.

ici et là, traces de ce qui fut, de ce qui attend.
c'est une excitation douce et patiente.
librairies balises, cafés rassurants.

je retrouve même une certaine tendresse pour ces anonymes pressés qui s'oublient accrochés à leur attaché-case.
les boulevards à flics ne me démangent plus.

plus tard, je retrouverai la magie facile du métro aérien à l'heure bleue.
le crissement des rails me parlera du train qui m'amènera là-bas.

partir, non pas pour me fuir,
mais pour être et construire.

toutes les villes où j'ai aimé
ne serait-ce que quelques secondes
sont chez moi,
à jamais.

1.2.11

les charcutiers.

amusant de constater comme les réactions manquent de nuance.
aujourd'hui, ça grognait au bas de ce commentaire concernant l'argent. tout cela sent trop la sueur de l'aigreur et du stress. quelle misère que ce tout au confort financier, à la réassurance perpétuelle. ils sont tellement obsédés par leur argent qu'ils s'imaginent qu'on voudra qu'ils entretiennent cet autre qui en a moins. ils imaginent que leur souhait de confort, de dépense pour des stupidités est le souhait de tous. pingres, surtout en matière de sentiment.
rêves étriqués, sans passion, sans intensité.
savent-ils seulement encore ce qu'aimer veut dire dans leurs petits comptes de commerçants avides ?

combien on aime ?

le hasard des discussions me fait renouer avec cela : ce que fut pour moi cette période où j'étais inscrite sur les sites de rencontre, non pas simplement comme aujourd'hui : pour publier des commentaires et discuter légèrement (parce que PCC est aussi un site communautaire), mais bien pour rencontrer des types.

ce moment-là de mon existence était un naufrage. je ne me sortais pas d'une histoire qui était devenue obsessionnelle, je portais maintes casseroles et cherchais plus à sortir de moi qu'à faire une véritable rencontre. clairement, j'étais célibataire, mais je n'étais pas disponible.
j'avais quelques amants réguliers : relations ambiguës entre l'amitié et le sexe, ententes de peau et d'intellect. et autour, quantité de rencontres d'un soir ou deux, des lits que je quittais en pleine nuit dès l'autre assoupi, des histoires avortées d'avance sur le cadavre desquelles je cherchais à jouir.

depuis aujourd'hui et l'actuelle histoire d'amour avec V., tout cela me semble bien lointain. mais j'y ai tant appris sur moi, sur les autres que je puis en parler encore et tirer quelques leçons ou du moins, des constats.

en bas d'un commentaire, avec Lindomptable, nous parlions de l'importance que peut avoir l'argent pour certains et certaines lorsqu'ils se mettent en devoir de rencontrer l'amour. et il est vrai, qu'hors le poncif qui consiste à dire que les sites sont des supermarchés de la rencontre, on remarque rapidement que le niveau de vie est aussi le lieu d'une séduction, voire un point essentiel de la quête amoureuse.

comme je le répondais à Chassal en bas de ce même commentaire, évidemment, personne n'ambitionne de vivre étouffé par des problèmes d'argent. mais j'aime à croire que l'amour se fiche des contingences matérielles et peut tout, même les dépasser. l'amour, c'est la rareté, l'exception, l'inestimable, ce n'est pas comptable.
pour ma part, l'argent est une chose à laquelle je n'accorde que peu d'importance. déjà au quotidien, je ne sais pas y penser. je n'y pense que lorsque le distributeur me dit "opération refusée". et encore, je ne me morfonds pas. je grogne tout au plus un "fait chier" et me débrouille pour améliorer l'ordinaire à court ou long terme.

pendant cette période où j'ai rencontré beaucoup d'hommes où je les écoutais, j'ai pu noter une première chose, c'est l'importance de cette question et de la réponse fournie : "qu'est-ce que tu fais dans la vie". le fait que la plupart du temps je réponde "je ne fais rien" poussait l'autre à m'interroger sur mes revenus, mes moyens de subsistance. très rares étaient ceux qui riaient et passaient à autre chose. ce qui d'ailleurs aurait été le plus logique étant donné la nature sexuelle des rencontres.
aussi, j'ai pu remarquer, que quantité d'hommes, pour se rendre séduisants, éprouvaient le besoin de parler de leurs possessions, de leur réussite sociale actuelle ou à venir. et pour certains, mon statut d'artisto-lettreuse, pauvre par négligence, était une séduction, un avatar charmant de la femme au foyer. du moins, si j'avais accepté de me reproduire et d'élever les enfants, ils n'auraient vu aucun inconvénient à m'entretenir.
avec d'autres, cela me valait maintes remontrances : il était tout à fait inconscient, immature à notre époque inquiète de se moquer de cette question. et pour eux, l'amour ne pouvait s'établir sans un certain confort financier auquel les deux conjoints devaient participer. parce qu'évidemment, le seul lieu de la réalisation de soi est le travail. et si l'on ne pense pas en ces termes, c'est que l'on est dénué d'ambition. c'est mal !

mais cette attitude n'est pas du seul fait des hommes. des amis, des copains, inscrits eux aussi sur tel ou te site m'ont raconté de tristes déconvenues. je me souviens particulièrement de S., passant des mois lumineux avec une jeune femme rencontrée sur Meetic qui fut finalement quitté, parce qu'il ne gagnait pas d'argent avec son activité artistique et avait à côté des revenus trop chiches pour que la jeune femme se sente en sécurité. elle s'est séparée de lui en disant qu'elle l'aimait, mais que cependant, cette vie à compter le moindre sous lui était insupportable. aussi, qu'elle n'arriverait pas à le considérer comme un homme bien et digne de ce nom, s'il lui fallait l'entretenir ne serait-ce que quelque temps. il en fut abasourdi.

peut-être est-ce un fait d'époque de crise, peut-être est-ce le paiement de l'abonnement sur le site qui attend un retour sur investissement et contamine la nature des relations attendues. je n'ai pas de réponse, du moins, pas de réponse générale. mais je vois dans cette attitude comme une triste perte d'une croyance en l'amour, en ce qu'il a d'absolu. une certaine frilosité qui me peine.

31.1.11

machin-machine.

simultanément, à crever de rire et affligeants, ces vieux machins et ces machines usées avec leur vocabulaire passé, leurs lectures trop classiques, leurs références ressassées.
ça voit le dernier bastion de ce qu'il faut bousculer dans la sexualité parce que ça s'ennuie. alors qu'en vérité, il suffit de sortir de chez soi pour voir s'étaler en couverture des magazines les plus minables cette fameuse liberté de ton et d'action qu'ils demandent.
pour des questions de marketing, la libération sexuelle prescrite est devenue aussi emmerdante que les discours d'une Ginette Matthiot.

oiseaux des mers.

ici délices mitigés,
caracole à mon bras
l'errance vive mais répétée.

au loin la voix du manque
en sueurs froides ou brûlantes.

concomitances ou feuilletages :
je me le rappelle,
Cherbourg sous la neige qui se remet à tomber.
mes talons et tes pas à contre temps.
au présent, celui qui m'accompagne de trop d'échos.
même ma mémoire t'est fidèle au point de ne pas refaire de maintenant changeant.
me repaître de fadeur
et te garder en appétit.


clac, clac, clac
claque les dents dans le vent glacé.
mais sourire aux réverbères.
ça tournoie, tournoie, la neige sur le port laissé là-bas.

tombée du lit.
je sais qu'à cette heure à Caen, les cormorans et les mouettes hurlent aux clochers des églises.